vendredi 6 janvier 2012

La force de frappe nucléaire, la grande absente des élections présidentielles

Y-a-t-il un consensus français sur la force de frappe nucléaire française? Aucun des candidats de droite ou de gauche ou d'ailleurs n'en parle. Pourtant ce sujet mérite réflexion. L'arme atomique coûte à la France environ 6 milliards d'euros par an, argent dont nous avons grandement besoin.

La bombe atomique française a été développée à l'époque de la guerre froide, où un ennemi était clairement établi. Depuis, la donne a beaucoup changé, et les dangers potentiels de la France ont largement évolué. Nous vivons en Europe dans un environnement pacifique, et la dernière guerre qui s'y est déroulée est celle de l'ex-Yougoslavie, qui n'aurait pas pu être réglée par l'arme suprême. Quels sont donc nos ennemis potentiels actuels? On peut certainement penser à la Corée du Nord et à l'Iran, mais je ne vois vraiment pas pourquoi ces deux pays viendraient nous envahir. Ils en seraient d'ailleurs totalement incapables. Ce qui fait peur en ce moment aux différents gouvernements de tous les pays, est le terrorisme. mais on ne peut pas régler ce genre de guerre avec une bombe atomique.

Alors, pourquoi la France ne serait pas le premier pays à abandonner l'arme nucléaire. Cela donnerait un exemple à suivre aux autres pays nucléarisés, et seraient un argument pour éviter que de nouveaux pays développent la bombe atomique.

lundi 19 décembre 2011

Conditions pour généraliser le nucléaire dans le monde

Les besoins mondiaux en énergie, pour ce siècle et les suivants sont en augmentation constante. On nous dit que bientôt nous n’aurons plus assez de pétrole, de gaz, ou de charbon, que les énergies renouvelables ne seront pas suffisantes. Que la seule solution est le nucléaire. Plus particulièrement, les centrales de quatrième génération fonctionnant sur le principe des surgénérateurs comme Phénix et Super Phénix. Nous aurions ainsi une énergie quasi-illimitée, puisque nous pourrions utiliser l’uranium 238 beaucoup plus abondant que le 235 employé actuellement dans nos centrales.

Ce raisonnement n’est pas exact d’un point de vue macroéconomique, car toutes les situations ne sont pas les mêmes partout dans le monde.

Le nombre de pays capables de posséder des centrales nucléaires est en réalité très faible.

Une centrale nucléaire exige des spécialistes très bien formés et fiables. On peut former un grand nombre de personnes compétentes, mais on ne peut pas être sûr que des facteurs, tels que la corruption, ne vont pas affaiblir le fonctionnement des centrales. On a vu que même au Japon, des irrégularités ont été commises. Plus on augmente le nombre de centrales, plus on accroît statistiquement le risque d'accidents. Il est difficile de trouver des lieux d'installation assurant les conditions de fiabilité suffisantes : eaux de refroidissement, tremblements de terres, autre catastrophes naturelles ou attentats terroristes.

La fabrication du combustible nucléaire nécessite des moyens importants. Peu de pays ont les compétences pour en produire, et le coût serait prohibitif pour nombre d’entre eux.

La gestion des déchets reste un problème majeur dans tous les pays ayant des centrales nucléaires. A ce jour, aucun pays n’a trouvé de solution pérenne. L’Allemagne a subit un échec avec l’enfouissage dans des mines de sel censées tenir des millions d’années, mais qui au bout de quatre décennies seulement ont commencé à se déstabiliser. Les Etats-Unis n’ont pas encore trouvé non plus de solution avec leur site de Yucca Mountain. La France n’en est encore qu’au stade du laboratoire.

Un accident nucléaire ne ressemble à aucun autre. Après l'explosion d'AZF, le site a pu être rapidement réutilisé. Il n'en a pas été de même après Tchernobyl et Fukushima. En comparaison aux autres sources d’énergie, le nucléaire n'a pas fait beaucoup de morts, mais ses dégâts sont d’une autre ampleur. Les répercussions s’étendent à des échelles de continents, tout en interdisant l’accès à l’environnement plus ou moins proche de la catastrophe pendant des décennies voire même des siècles. Les compagnies d'assurance savent très bien qu'un mort coûte moins cher qu'un blessé.

Si le monde se dirigeait vers un grand développement du nucléaire nous aurions trois catégories de pays : ceux qui possèdent l’ensemble de la filière, ceux qui auront les centrales sur leur territoire, mais sans la technologie, et enfin, ceux qui se passeront du nucléaire par choix ou par nécessité.

Tous les pays qui auraient des centrales nucléaires seraient privilégiés car ayant une énergie nucléaire, en théorie peu chère.

Quelques pays dont la France devraient fournir les combustibles, et accepter les déchets de ceux qui auraient des centrales, mais n’auraient pas les technologies nucléaires.

Il faudrait accepter que rarement, mais inexorablement nous ayons des accidents de type Fukushima. Ce risque serait accentué par l’obligation de transporter les combustibles et les déchets vers les pays n’ayant pas les technologies nucléaires.

Les pays n’ayant pas de nucléaire, par choix ou par nécessité, vont forcément trouver d’autres solutions qui au cours du temps vont devenir compétitives.

On ne peut pas extrapoler nos connaissances actuelles sur les découvertes qui seront faites dans les siècles à venir. Il y a un siècle seulement, la science était tout à fait différente de ce qu'elle est devenue. Que savons nous de la science du siècle prochain?

samedi 12 novembre 2011

Une nouvelle source d’énergie : la Fusion Froide ?

Le 14 janvier 2011 à Bologne deux scientifiques italiens on fait une démonstration publique d’un générateur fondé sur la « Fusion Froide ». Andrea Rossi et Sergio Focardi ont montré à un panel de scientifiques un nouveau type de réacteur l’ « E-cat » capable de produire jusqu’à 10 kW d’énergie thermique avec environ 400 Watts de chauffage du système. Plus récemment, ils ont démontré un générateur de 1MW qui a fonctionné pendant plus de cinq heures, sans aucune alimentation, et a fourni 470 kW pendant tout ce temps.

Cette aventure est la concrétisation de plus de 22 ans de recherches. Le 23 mars 1989, les professeurs Stan Pons de l’Université de l’Utah aux Etats-Unis et Martin Fleischmann de l’Université de Southampton en Grande-Bretagne avaient annoncé la découverte d’une nouvelle manière de produire de l’énergie nucléaire propre : la « Fusion Froide ». Ils avaient fait passer du courant électrique dans une cellule contenant deux électrodes, l’une en platine, et l’autre en palladium. Les deux électrodes plongeaient dans un électrolyte composé principalement d’eau lourde. Ils avaient remarqué qu’il se dégageait plus de chaleur que d’énergie électrique qui était appliquée. Cette découverte avait créé de grands remous dans la communauté scientifique. Après quelques semaines de tentatives diverses pour essayer de reproduire ces résultats, le sujet disparu de la science officielle sous les coups des expérimentateurs qui n’avaient pas réussi leurs expériences et des théoriciens qui ne pouvaient pas expliquer ces résultats contraires à leurs modèles classiques.

Depuis lors, une petite centaine de chercheurs de par le monde ont continué les recherches. Les résultats se sont améliorés au cours du temps. Il a été montré des dégagements de chaleur anormaux, des transmutations, la production d’hélium. Alors que la grande majorité des expériences ont été réalisées avec du palladium et de l’eau lourde, Rossi et Focardi ont utilisé un système différent, ils ont mis en contact de l’hydrogène gazeux ordinaire sous pression avec une poudre de nickel auquel était associé un catalyseur. Ce nouveau type de réacteur est un progrèsimportant dans l’utilisation de la fusion froide à des fins industrielles.

Les deux scientifiques ne donnent pas tous les détails de leur invention dont le brevet est en cours de dépôt. La théorie expliquant ces réactions n’existe pas encore. Néanmoins, les inventeurs disent que le nickel se transformerait en cuivre au cours de la réaction. Il se produirait également des rayons gamma qui s’arrêteraient une heure après l’arrêt du réacteur. À la suite de la démonstration du mois de janvier à Bologne, d’autres ont eu lieu, en particulier une, avec des scientifiques suédois qui ont confirmé les mesures de production de chaleur.

Si tout ce qui est annoncé se confirme, le monde va vivre très prochainement un très grand changement dans le domaine de la production d’énergie.

dimanche 25 septembre 2011

Revue du livre de Laude Allègre "Faut-il avoir peur du nucléaire?"

Le nouveau livre de Claude Allègre, en réalité un dialogue avec Dominique de Montvalon, soutient le point de vue que le nucléaire n'est pas dangereux, du moins en France. Claude Allègre explique de manière simple les principes de base de l'énergie nucléaire, le fonctionnement de la bombe atomique et des centrales nucléaires. Il fait aussi le point sur l'avenir du nucléaire avec les troisièmes, quatrièmes et cinquièmes générations.

Claude Allègre apporte aussi quelques informations sur les différents accidents de Saint Laurent des Eaux, Three Miles Island, Chernobyl et Fukushima.

Il appuie son raisonnement sur plusieurs points. D'une part, le nucléaire civil n'a fait que très peu de morts en comparaison avec les autres sources d'énergies, comme par exemple le charbon. Pour lui, au moins en France, où nous avons les meilleurs spécialistes du nucléaire, le danger est très faible, et on améliore constamment la sûreté ds réacteurs. Par ailleurs il explique qu'en France, arrêter le nucléaire civil serait très difficile, car il représente 32% de l'énergie totale consommée. Il serait selon lui illusoire de remplacer tout cela par des énergies renouvelables: éolien et solaire, sauf à défigurer le paysage de la France.

Si on suit son raisonnement, la France a une deuxième exception, non pas culturelle, mais énergétique. Le seul pays ou presque qui pourrait utiliser l'énergie nucléaire serait la France. Ce raisonnement pèche de deux manières. En premier lieu, si comme il le dit la consommation mondiale d'énergie va effectivement augmenter dans le monde, la solution ne sera pas nucléaire, il faudra trouver autre chose. Deuxièmement, pour la France, il confirme, comme il le dit lui-même, que le problème des déchets nucléaires dont on ne sait trop quoi faire, continueront à croître indéfiniment en attendant une hypothétique solution technique pour les détruire.

Effectivement, il y a eu beaucoup moins de morts avec le nucléaire civil, et même militaire qu'avec les accidents de la route ou les mines de charbon. Cependant, la peur du nucléaire, n'est pas seulement une question de communication par les organismes officiels. Il y a véritablement une différence entre un accident nucléaire et un accident industriel ordinaire. Dans le premier cas, comme on a pu le voir avec AZF, immédiatement après on peut accéder au site, et le réutiliser. Dans le cas du nucléaire, les zones polluées le sont pour des dizaines ou centaines d'années, comme ce fut le cas à Chernobyl, et maintenant à Fukushima. Des populations entières ont été déplacées, et leur mode de vie a été transformé pour longtemps. Comme le savent bien les assurances, un mort coûte moins cher qu'un blessé. Un accident nucléaire fait peu de morts, mais beaucoup de blessés dans leur chair, mais aussi dans leur mode de vie.

Claude Allègre critique fortement la sortie du nucléaire des Allemands, alors qu'il apparaît au contraire qu'ils vont devenir les leaders des technologies nouvelles, alors que la France va s'entêter dans une filière nucléaire totalement dépassée.
L'avenir dira qui de la France ou de l'Allemagne a fait le bon choix. Je crois que malheureusement c'est bien ce dernier pays qui a raison.

samedi 20 août 2011

Pourquoi l’euro ne peut pas continuer

Il existe plusieurs raisons pour lesquelles l’euro ne peut pas continuer à exister. Tout d’abord, Les habitudes et traditions de chaque pays d’Europe sont différentes. Les pays du nord ont une histoire de rigueur budgétaire, et de discipline. Ceux du sud par contre ont une économie souterraine beaucoup plus importante dont l’effet est de limiter les rentrées fiscales. Avant l’euro, les pays ayant une économie moins bien contrôlée corrigeaient ce déséquilibre par la dévaluation. Cela avait pour effet de baisser le coût des exportations et d’augmenter celui des importations. Ce double effet corrigeait automatiquement les déséquilibres. L’Allemagne a mis un point d’honneur à éliminer l’inflation, mais a réussi son pari par une rigueur absolue. Pour de nombreux autres pays dont la France, l’inflation est un mal nécessaire. Avec elle, les prix augmentent, mais les salaires aussi. L’avantage étant qu’il est possible de moduler ces augmentations dont certaines sont moins rapides que les prix. Psychologiquement chacun a un salaire qui augmente toujours. Sans inflation, il est nécessaire dans certains cas de bloquer les salaires comme ce fut le cas en Allemagne, mais difficilement acceptable ailleurs.

La création de l’euro a été voulue par la France pour essayer de contrôler la puissance économique de l’Allemagne. Avant la réunification, la République Fédérale Allemande était le pays ayant l’économie la plus performante en Europe. François Mittérant a contraint l’Allemagne à la création de l’euro en échange de la réunification. Le coût de cette opération a été très élevé pour les allemands, conduisant une augmentation d’impôts très importantes. Au bout de deux décennies, cette opération a été digérée, et l’Allemagne redevient de plus en plus puissante.

La différence de productivité entre les différents pays de l’euro fait que le système peut fonctionner au début, mais au fur et à mesure que le temps passe, l’écart de productivité s’accroît. A terme, cela devient intenable, et le système explose. Des remèdes provisoires peuvent être apportés, mais le système, mal conçu au départ est condamné à l’échec. Au mieux, il restera une eurozone limitée aux pays ayant des économies comparables. La question restante à résoudre sera celle de la position de la France dont l'économie n'est pas assez efficace pour se rattacher à l'Allemagne. Avant la création de l'euro, le franc s'est continuellement dévalué par rapport au mark. Les habitudes étant difficiles à changer, il est peu probable que la France puisse rester longtemps dans le sillage de son puissant voisin.

vendredi 15 juillet 2011

Écrirons-nous bientôt “chinois” ?

Nous sommes toujours surpris que les chinois arrivent à lire la même écriture alors qu’ils parlent des langues différentes. Les japonais et les chinois arrivent à se comprendre par écrit alors que leurs langues sont totalement dissemblables. La langue écrite chinoise se compose d’idéogrammes alors que les nôtres sont syllabiques, il n’est donc pas nécessaire de prononcer ce qui est écrit.

Nous sommes mondialement dans une voie qui nous conduira peut-être aussi un jour vers une langue écrite composée également de pictogrammes. Il semble que chez nous la première écriture de ce type ait été développée en Europe pour la signalisation routière. Parce que les automobilistes de pays différents parlant des langues différentes pouvaient aller d’un pays à l’autre, il fallait que la signalisation soit compréhensible par tous. Cela a conduit à la création d’un système de panneaux composés de signes compréhensibles par tous. Avec la mondialisation, et le marché unique mondial qui en a découlé, il a été plus commode pour les constructeurs de remplacer les textes écrits par des pictogrammes. On les retrouve maintenant partout, de l’automobile, où tous les indicateurs du tableau de bord sont standardisés grâce à ces symboles, aux vêtements avec leurs étiquettes indiquant les conditions de lavage. L’informatique a fait faire un nouveau bond dans cette direction avec l’abandon de certains textes par des petits dessins explicites facilement compréhensibles, même par des enfants ne sachant pas encore ni lire ni écrire. On retrouve cela dans les téléphones portables, les appareils photos etc.

Le besoin d’une écriture commune est devenu urgent. Il n’est qu’à ce souvenir de la saga du brevet commun européen. Il aurait été simple de choisir un seul texte en anglais, mais les français n’en voulaient évidemment pas. L’obstacle a été partiellement levé avec la possibilité de choisir l’anglais, le français ou l’allemand, mais les italiens et les espagnols se sont sentis offensés et ont refusé d’y participer. Si nous avions une écriture commune, cela ne serait pas produit.

Alors que, dans un premier temps, les pictogrammes n’étaient que des informations pratiques, depuis le développement de l’informatique, on a introduit des « smiley » qui donnent des indications d’une autre nature, on atteint avec eux le niveau des émotions.

À cause des réticences bien compréhensibles à choisir une langue commune pour l’ensemble de l’humanité, il est possible que dans un avenir lointain nous ayons développé une nouvelle langue écrite proche du chinois composée d’idéogrammes compréhensibles par tous.

À moins que d’ici là, la civilisation chinoise nous impose de facto son écriture millénaire…

mardi 31 mai 2011

Le nucléaire et les dirigeables

L'annonce que l'Allemagne va arrêter dans 10 ans ses centrales nucléaires est une décision importante pour nous et de nombreux autres pays. Cette décision politique s'appuie sur le rejet par la population allemande du nucléaire à cause du risque créé par les déchets et les conséquences de l'accident de Fukushima.

Dans l'histoire des technologies, ce n'est pas la première fois qu'une technologie se développe et est abandonnée.

On peut se souvenir de la construction du paquebot France en 1957, mis en service en 1962. C'était un chef-d’œuvre de réussite technologique, mais il arrivait trop tard. Dans les années 1960, les avions à réaction prirent le relais des traversées en paquebot d'une autre époque, à moindre coût, et plus rapidement.

Un peu plus tard, la France et la Grande-Bretagne développèrent ensemble le Concorde, le premier avion supersonique commercial. Il était prévu d'en vendre une centaine. C'était avant le premier choc pétrolier de 1973. Lorsque l'appareil fut mis en service en 1976, malgré le succès technologique, ce fut un échec commercial. Depuis son retrait en 2003, plus aucun autre avion commercial supersonique ne vole.

Dans les années entre les deux grandes guerres, les dirigeables transportèrent des milliers de passagers à travers les océans. Mais l'accident du Zeppelin de 1937 mit fin à leur utilisation. Peu de temps après des avions modernes remplacèrent cette technologie dangereuse.

L'histoire du nucléaire ressemble à celle des dirigeables. Avant le nucléaire, les énergies renouvelables existaient comme les avions avant les dirigeables. Les dirigeables ont disparu, et l'aviation a pris le relais. Le nucléaire va disparaître, et de nouvelles énergies vont prendre la place.

Combien de temps, la France va-t-elle s'obstiner dans une technologie dépassée? La page du nucléaire est déjà tournée, il est temps de s'en rendre compte.

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